La Grande traversée ....
Le Soleil se lève
sur une brume légère
les pilotes se préparent pour le grand départ. Et nous, les ULMs, on n'a pas fermé l'oeil de la nuit. Parce que ces fous volants nous embarquent dans une drôle d'aventure. On risque fort d'y laisser des plumes au moindre petit incident. Alors Kappa, Eurostar et moi, la brume, en ce matin de début juillet, on en a rien à faire !
Pour reculer encore un peu le moment où Kappa, Eurostar et moi allons risquer nos dérives pour eux, nous sautons sur une première étape ....
MILLAU avec son magnifique pont ... et nos pilotes n'ont rien à dire !
encore dans la brume, lui-aussi ... pourtant il ne vient pas avec nous, le veinard !
nous arrivons sur l'aérodrome de Millau pour refaire le plein (excellent le coup du plein de carburant. Avec Kappa et Eurostar on s'envoit un clin d'oeil pour remettre ça à Cuers. Juste avant de mourir...noyés).
Et c'est donc la mort dans le fuselage que nous prenons la direction de CUERS (près de St Tropez) pour un nouveau plein avant la...la...la TRAVERSEE ! !
en remontant ce que j'appellerai "le couloir de la mort" nous découvrons des paysages montagneux qui nous chahutent un peu ... rien à foutre. Et pendant ce temps j'entends papa et maman qui s'esclaffent devant tant de beauté. Dieu qu'ils sont cruels, les êtres que j'aime.
quand enfin nous apercevons la piste de Cuers, mon coeur s'arrête. Pour Kappa, pour Eurostar, pour moi, c'est peut-être la fin.
cette halte est la bienvenue pour nos estomacs qui crient famine. Le dernier repas.
et nos réservoirs. Le dernier plein.
c'est bien sûr la queue à la pompe. La dernière... heu...
mais il est temps de repartir ... et de s'équiper pour "le salaire de la peur"- le voyage sans retour. Je pense au Titanic, aux marins, aux aviateurs, aux ovnis, même Saint Exupéry. Tous disparus là où mon pilote m'entraine ! Maman j'ai peur !
et oui, voler au dessus de l'eau ... c'est pas de la rigolade !!! Ils ont des gilets de sauvetage, eux ! Alors pourquoi qu'ils ont dit qu'on ne risquait rien, nous, et qu'on en avait pas besoin ?
les dernières visions de la côte méditerrannée (de la vie, quoi.)...
et ...
nous quittons la côte pour une traversée direction
LA CORSE ....
où mon seul repère sera ces petits points devant moi qui sont mes deux copains qui m'accompagnent dans ce voyage KAPPA et EUROSTAR ...
et pour toute vision du paradis qui guette, cette mer de nuage avec un ange sur chacun d'eux...
Cliquez sur la photo suivante. On est en plein milieu ! sous la surface, sûrement 1000 mètre d'abîme froid et noir... Le cimetière inviolé pour défaut évident de technologie pas assez avancée pour aller y chercher les disparus...
mes deux copains restent à côté de moi. Ca me rassure un peu...
TERRE ... TERRE ... !!!
la Corse nous apparait dans la brume. Encore la brume. Je regarde Kappa qui vole à côté, il a l'air rassuré. Je tourne ma verrière de l'autre côté, Eurostar a l'air ailleurs. Alors je me mets à siffloter. Ca sent le fromage corse jusqu'ici.
La fin du cauchemar se rapproche.
On découvre, émerveillés, les tours de garde Génoises. Maman demande à Papa s'il y a encore des gardes génois dans les tours...
Je n'ai pas le temps d'en rire. Après deux heures de vol nous voilà arrivé à notre destination finale PROPRIANO
Finale sur Propriano au-dessus de l'eau, comme les grands aux Maldives ! Mon pilote ne voit qu'une chose, la plage en bout de piste et moi la terre où je vais pouvoir digérer tout ça...